A la faveur de la décision du gouvernement considérant Hafedh Caïd Essebsi comme le représentant légal de Nida Tounès, confirmant ainsi la décision du Tribunal administratif, les nidaïstes appartenant aux factions de Monastir et de Hammamet ont semble-t-il décidé d’enterrer la hache de guerre, de se réconcilier et de reconstruire le grand Nida historique
Les nidaïstes sont-ils sur la voie de la réconciliation et donc de la reconstruction de la grande famille nidaïste ou ce qu’on pourrait appeler le Nida historique qui accueillera les partisans de Hafedh Caïd Essebsi auquel le gouvernement vient de reconnaître le droit de représenter le parti et ceux de Selma Elloumi et Sofiène Toubal qui viennent de publier deux posts, via Facebook, appelant à l’union des nidaïstes, à dépasser les divisions et les dissensions et à se mobiliser pour que Nida Tounès reprenne sa place sur la scène politique nationale en tant que parti politique fort et influent ?
Mais comment les choses ont-elles évolué, au cours de ces derniers jours, au point que les frères ennemis représentant les factions de Hammamet et de Monastir semblent changer de discours et préfèrent, désormais, celui du rassemblement et du resserrement des rangs ?
Pour comprendre les revirements intervenus dans les positions des uns et des autres, il faudrait revenir à la correspondance envoyée, jeudi 20 juin, par Fadhel Mahfoudh, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, à Hafedh Caïd Essebsi, président de l’Instance politique de Nida Tounès (faction de Monastir), l’informant que le gouvernement le considère comme le représentant légal de Nida Tounès «dans l’attente de voir parvenir au ministère ce qui prouve que la justice judiciaire a reçu une requête sur la question», ce qui revient à dire que la décision du Tribunal administratif considérant que ni Hafedh Caïd Essebsi ni Sofiène Toubal n’ont le droit de représenter Nida Tounès est tombée à l’eau et qu’à l’avenir, c’est Hafedh Caïd Essebsi qui recouvre son droit de représenter légalement Nida Tounès.
Mais le plus important dans cette affaire réside dans le fait que les nidaïstes pourront présenter le 22 juillet prochain les listes de leurs candidats aux législatives du 6 octobre prochain au nom de leur propre parti.
Faut-il rappeler que l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a déjà refusé d’avaliser deux listes se présentant comme nidaïstes aux municipales partielles du Bardo, en s’appuyant sur un avis prononcé en première instance par le Tribunal administratif, refusant de reconnaître la légalité ni à la faction de Monastir ni à celle de Hammamet.
Et les observateurs d’aller vite en besogne pour affirmer que Nida Tounès risque de ne pas participer aux élections législatives du 6 octobre prochain au cas où la question de sa représentativité ne serait pas tranchée définitivement au profit de l’une des deux factions qui se disputent le droit de parler en son nom et de porter son étiquette.
La voix de la raison l’emportera
Maintenant que la question de la représentativité légale du parti est tranchée, l’on se pose la question : comment les responsables des deux factions vont-ils traiter ensemble pour réunir les conditions objectives à la refonte du Nida historique ? Et pour être plus clair, les partisans de Hafedh Caïd Essebsiu vont-ils accepter le retour de ceux qu’ils considèrent comme les premiers responsables de la scission intervenue au sein du parti à l’instar de Sofiène Toubal, Ons Hattab ou Abdelaziz Kotti que Mongi Harbaoui, responsable de la communication au sein du parti, a taxés «de comploteurs et responsables de la sédition au sein du parti et déjà exclus du parti».
Sauf que les déclarations de Mongi Harbaoui ne semblent pas refléter la position officielle de Hafedh Caïd Essebsi et des responsables qui l’entourent.
On apprend, en effet, que l’appel lancé à la réconciliation par Sofiène Toubal pour que le mouvement «retrouve son statut de parti fort, unificateur et rassembleur» sera examiné lors de la réunion que l’Instance politique tiendra lundi prochain.
Khaled Chawket, le directeur exécutif de Nida Tounès (faction de Hafedh Caïd Essebsi), souligne : «Le parti n’a pas l’intention d’exclure ou décider des représailles à l’encontre de quiconque. Nous tendons la main à toute personne manifestant une réelle volonté de travailler en commun avec nous».
Et la politique de la main tendue d’être exprimée également par Hafedh Caïd Essebsi qui a déclaré qu’il est pour le retour de tous les nidaïstes qui ont quitté le parti, y compris Ridha Belhaj.
Reste maintenant à savoir quelle sera la réaction des partis qui ont déjà signé des alliances avec l’une des factions de Nida Tounès. C’est le cas de Machrou Tounès qui a déjà signé un accord avec la faction nidaïste présidée par Selma Elloumi (clan de Monastir). Hassouna Nasfi, secrétaire général de Machrou Tounès, estime que «la réconciliation des deux factions nidaïstes n’aura aucun effet sur l’alliance signée avec Selma Elloumi et même les candidatures aux législatives n’en seront pas affectées».
Il reste toujours une grande question : les nidaïstes, enfin réconciliés et unis derrière une seule direction, auront-ils le temps nécessaire pour constituer leurs listes aux législatives d’octobre prochain et pourront-ils dépasser, en un laps de temps aussi court (moins d’un mois d’ici le 22 juillet prochain, date de dépôt des candidatures) les frictions et les divisions vieilles de près de cinq ans ?